Editorial

Le 3-oct-2004

La gouvernance des statistiques

Difficile d'échapper aux histogrammes et autres camemberts dans les articles traitant de l'actualité: qu'il s'agisse de la circulation routière ou de la cote de popularité d'un candidat aux élections, tout débat commence par des statistiques. Bien, très bien bien même, puisque les statistiques sont censées donner une indication objective à partir de données factuelles.

Seulement voilà cette belle théorie s'effondre lorsque le mode de calcul des statistiques est tronqué. Exemple (au hasard bien sûr): le gouvernement annonce une nouvelle mesure pour réduire le nombre des accidents (très bien). Le même gouvernement annonce que cette mesure sera testée avant de prendre une décision définitive (bonne idée). Ainsi, jusqu'en mars 2005 nous serons encouragés à rouler en codes de jour comme de nuit. Bien entendu le nombre des accidents sera comparé avec celui des accidents dans la même période dans les années précédentes. Petit problème: cette mesure, comme les précédentes, va provoquer un regain de prise de conscience des conducteurs (c.f. l'érosion de l'effet du permis à points), de sorte que les statistiques seront faussées. Comme le test sera effectué dans une période ou la mesure proposée prend son maximum d'effet, l'erreur sera amplifiée d'autant. Ce qui me surprend, c'est que dans toute étude sérieuse on introduit un placebo, qui, en l'espèce, aurait pu correspondre à l'extension de la mesure sur une année complète. Deuxième problème, nous subissons la gouvernance des statistiques, et nos dirigeants n'échappent pas à cette règle; aussi suis je très inquiet de constater que leurs raisonnements et décisions puissent être pris sur la base de statistiques erronées. Toujours dans la même veine, se cantonner aux études statistiques permet de procéder efficacement à des études rétrospectives; la prospective étant beaucoup plus difficile à envisager mathématiquement. Du reste nous en sommes aux balbutiements, et il faudra encore pas mal de temps avant même de tirer tous les bénéfices des travaux de KALMAN. Au delà des mathématiques, il y a aussi la capacité d'analyse du cerveau humain: moi qui ai eu la chance d'assister à une conférence de Robert ROCHEFORT (Directeur du CREDOC), je peux vous dire que je suis impressionné par ce type de personne qui est capable de sentir les phénomènes de société. A l'époque, en 1993, R. ROCHEFORT prédisait une révolution liée à un appareil électronique: le téléphone cellulaire.

Bonne quinzaine à tous,

Quelques liens: le CREDOC http://www.credoc.asso.fr/, KALMAN (je vous préviens, il faut aimer le maths) http://perso.wanadoo.fr/moulesj/mesure/kalman.htm, http://lsc.cemif.univ-evry.fr:8080/~davesne/html_doc/thesis_v3/node113.html, http://documents.wolfram.com/applications/timeseries/SummaryofTimeSeriesFunctions/2.3.html, http://portal.acm.org/citation.cfm?id=769976, http://pubs.nrc-cnrc.gc.ca/casj/q02-015.html

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