Editorial EditorialLe 26-octobre-2003
Paradoxes!
L'état qui détient le monopole de la distribution du tabac lance une grande campagne de sensibilisation en direction des jeunes fumeurs. L'état qui est un des principaux actionnaires (16%) de la société qui fabrique les Clio 16s fait une campagne contre l'insécurité routière.
Disposer d'un permis de conduire est un atout pour l'intégration, cependant il est payant et son prix ne cesse de grimper; d'aucun proposent même d'en aggraver le coût en imposant un nombre d'heure de conduites supérieur aux 20 actuellement imposées.
Le pays renie l'empreinte du christianisme sur son histoire, sa culture, mais c'est à l'église qu'il faut aller pour manifester sa compassion (croyants et mécréants bien sûr)
Ces réflexions acides m'ont été inspirées par l'actualité récente, et me conduisent (sans jeu de mots) à d'autres réflexions:
La France déplore 8000 tués sur les routes: elle dénombre presque le double de suicides! Or je me demande très sérieusement s'il ne faut pas relier les deux statistiques et analyser une zone qui leur est commune. Dans un contexte de vie stressante, il est logique de penser qu'un conducteur se laisse aller à la consommation de substances euphorisantes. L'isolement, la dématérialisation de la famille inhibent le sentiment d'appartenance à un groupe, l'idée que l'on compte pour quelqu'un. La somme de ces facteurs a assurément un impact sur le comportement du conducteur, mais aussi de son entourage (les passagers sont libres de refuser de monter dans une voiture conduite par un chauffeur sous l'emprise de drogues, que je sache). James DEAN constitue l'archétype du candidat à ces statistiques, qui a incarné ce rôle tant sur la toile ("La fureur de vivre") que dans la réalité.
A moins de lobotomiser les chauffeurs et de leur greffer un cerveau assisté par ordinateur (Tiens, çà me rappelle un édito!) je persiste à écrire qu'il faut s'intéresser massivement au comportement des conducteurs. C'est bien entendu beaucoup plus difficile que de poser des radars automatiques (dont j'approuve sans réserve l'installation dans les zones réputées à risque), mais c'est un investissement beaucoup plus profitable à moyen terme. Dans cette veine, j'aime assez la campagne lancée par la région Poitou-Charente, axée sur la courtoisie. C'est ce que j'appellerais une contribution active à la sécurité passive.
Bonne quinzaine à tous
